Archive pour Mekong

Carnet de route vietnamien

Posted in Voyage - Vietnam with tags , , , , , , , , , on 19 Mai 2009 by Placet

Voilà quatre semaines que nous sommes arrivés au Vietnam et, ayant remonté le pays en bus d’Ho Chi Minh Ville à Hanoi, nous avons eu l’occasion de rencontrer des paysages extrêmement variés. A l’extrême sud, de grandes étendues vertes et marécageuses s’étendent à perte de vue entre les neuf bras du Mékong, et la région est si fertile qu’elle est devenue  le verger du pays.  Sans prévenir, la végétation se densifie et forme une véritable forêt tropicale, tellement épaisse que l’on pourrait s’y perdre en quelques minutes. Puis on découvre un paysage de rizières en terrasses, des montagnes rocheuses, des plaines salines ou encore des panoramas côtiers à couper le souffle. Complexe et passionnant, le Vietnam a une multitude de visages qui s’offrent généreusement aux voyageurs patients, qui sauront privilégier les longs trajets par route (parfois pénibles… mais quelle récompense), plutôt que les liaisons pourtant si pratiques en avion.

Petit résumé en IMAGES :  

http://www.flickr.com/photos/10301605@N04/sets/72157618318116947/show/

Cette diversité est liée à la géographie surprenante du pays : une véritable langue de terre longue de 1 650km du nord au sud et large d’à peine 50km à certains endroits. Le Vietnam étant tout en hauteur, il couvre des latitudes très différentes, s’étalant de 9° à  22° Nord, c’est-à-dire un peu plus au sud que l’Arabie Saoudite ; je comprends mieux pourquoi nous avons si chaud maintenant… Nos référents français (Lille à 50° Nord et  Marseille à 43°) sont bien loin ! De même, le relief est partagé entre des régions d’altitude élevée le long des frontières cambodgienne et laotienne, qui s’opposent à des zones très plates le long de la côte. Tout cela crée des climats très variés : chaleur et moiteur typique des tropiques et fraîcheur des régions montagneuses, de quoi satisfaire tout le monde !

Voilà une carte qui pourra vous aider à vous repérer : 

Notre carnet de route a été le suivant : nous avons commencé notre périple vietnamien à Ho Chi Minh Ville après avoir traversé en bus la frontière cambodgienne. Après une boucle par le sud qui nous a fait découvrir le delta du Mékong (Can Tho et Vinh Long) et ses marchés flottants, nous sommes repartis vers le nord : Nha Trang, Hoi An, Hué et Hanoi, où nous sommes arrivés ce matin après 12h de bus de nuit. Nous pousserons jusqu’à la baie d’Halong avant de nous envoler vers Hong-Kong et Macau puis d’entrer en Chine continentale à la fin du mois de mai. Affaire à suivre !

L’économie du Mekong : en progrès, mais peut mieux faire ?

Posted in Economie & Finance with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 6 Mai 2009 by Placet

Si nous avions adoré notre promenade sur le Mekong près de Can Tho, c’est finalement parce que celui-ci ressemble si peu à l’image qu’on se fait d’un noeud de transport ou de communication majeur : les embarcations sont petites et relativement peu nombreuses, et les entrepôts et usines sur ses rives restent largement artisanaux. Nous avions eu l’impression d’une économie particulièrement active mais aussi très « locale », qui n’exploite pas pleinement ses formidables atouts. Nous avons donc poursuivi notre incursion dans le delta, posé quelques questions et visité des exploitations maraîchères et artisanales riveraines afin d’en savoir un peu plus. Ces « investigations » complémentaires ont confirmé nos premières impressions : le delta regorge de richesses naturelles abondantes, qu’il n’exploite que partiellement, même si des efforts croissants sont faits en ce sens.

Des atouts naturels exceptionnels et une exploitation astucieuse…

  • Des richesses naturelles fantastiques : surnommée le « grenier à riz » du Vietnam, le delta du Mekong fournit plus de la moitié de la production nationale et la majorité des exportations. La hausse de la production régionale a permis au Vietnam, importateur net de riz jusqu’en 1990, de devenir le second exportateur mondial après la Thaïlande, avec près de 5 millions de tonnes exportées en 2008. Les cultures maraîchères, et notamment d’agrumes, ont également explosé en raison d’un revenu par hectare cinq à six fois supérieur aux rizières, et la région représente désormais 50% des surfaces agrumicoles nationales. Et effectivement, lorsqu’on visite canaux et vergers, la diversité des cultures est impressionnante : un ananas ?A votre droite ! Tendez le bras gauche ? Des bananes ! Devant vous ?Un peu de riz… Tout pousse !

  • Une exploitation astucieuse de la géographie et des ressources locales : la population a parfaitement su s’adapter à la configuration particulière de la région et au rôle central de l’eau. Les marchés flottants en sont un exemple, ainsi que la disposition des exploitations (briqueteries sur les rives argileuses, exploitations agricoles dans les zones alluviales). Le recyclage systématique est également impressionnant, de l’écorce de riz systématiquement utilisée comme combustibles dans les briqueteries et productions artisanales locales aux coquilles de noix de coco recyclées en source de chauffage domestique. Rien n’est perdu !

  • Une production de plus en plus tournée vers l’export : après le riz, la région commence à exporter une proportion croissante de sa production fruitière, notamment les mangues et autres agrumes vers les Etats-Unis et les longans vers la Chine (apparemment, seuls les palais chinois sont capables d’apprécier leur goût si particulier !), ainsi que des poissons chats dont les élevages bordent le fleuve sur toute sa longueur

  • Un conduit de transport très pratique : le fleuve est également bien exploité comme moyen de communication et lien commercial, au niveau local -avec les marchés flottants- et vers Ho Chi Minh City : on voit ainsi de nombreuses barges remonter vers HCMC pour y apporter fruits et sable, et en revenir chargées de ciment, d’engrais ou de pesticides

… Mais un potentiel largement sous-exploité

  • Une économie très « domestique » et peu intégrée : si la production et la variété des cultures du delta ont explosé, les exploitations demeurent essentiellement familiales et de taille modeste. Cette structure permet de faire vivre une très grande partie de la population de la région (parfois plutôt bien, si l’on en croit les propriétés cossues que nous avons observées sur les bords des canaux) mais elle bride également son développement. Faute de structures et de savoir-faire, les producteurs locaux se contentent en effet d’expédier vers Ho Chi Minh City des produits « bruts ». Ce sont ainsi les entrepreneurs saïgonnais qui, en se chargeant de la transformation et/ou de l’exportation de ces produits, mettent la main sur la plus grosse part du gâteau ! En parlant de gâteaux, une petite VIDEO de la production artisanale du mélange caramel et riz soufflé – le rythme des « batteurs » est impressionnant, et le résultat (on a goûté) bien croustillant !

  • Une infrastructure (routière notamment) défaillante : lorsque nous avons attendu plus de deux heures à bord d’un bus surchauffé avant de traverser en ferry une rivière large de 500 mètres, nous avons compris pourquoi la rivière reste à ce point le noeud de communication central de la région. Les routes sont notamment très en retard, et le manque de dessertes routières et aériennes freine le développement économique du delta. Le gouvernement a apparemment entrepris d’y remédier et, s’il on en croit les nombreux ponts en construction sous lesquels nous sommes passés et le large groupe d’ingénieurs australiens et américains qu’on retrouvait tous les soirs en train de prendre l’apéro dans notre cantine, les progrès pourraient être rapides !

  • Des produits insuffisamment mis en valeur : autre conséquence du morcellement des exploitations, les producteurs de la région n’ont pas mis en place de « label » ou d’appellation commune (type AOC) leur permettant de pleinement valoriser leurs produits. Le riz de la région souffre notamment d’un positionnement plus « bas de gamme » et d’un prix souvent plus faible que son concurrent thaïlandais. Le delta concentre donc ses exportations vers des pays en développement, qui sont particulièrement peu enclins à accepter des hausses de prix lorsque les coûts de production augmentent, comme en 2007-08 (engrais notamment)

  • Des choix parfois difficiles : la richesse des ressources agricoles, en encourageant des cultures rizicoles et agrumicoles de plus en plus intensives, a aussi mis en danger la vie dans la rivière : de nombreuses espèces de poissons ont ainsi disparu, victimes des engrais et pesticides de plus en plus présents dans l’eau du Mekong. Cette surexploitation n’est certes pas (hélas) l’apanage de la région, mais il est étonnant de constater que, si le delta est largement exportateur de poissons, il s’agit de poissons chats élevés dans des fermes le long de la rivière !

Apparemment, des travaux sont en cours !

  • Une production en forte hausse : la production de riz et d’agrumes a augmenté rapidement ces dernières années malgré des surfaces de production globalement stables. Grâce à l’introduction de nouvelles espèces, les producteurs de riz sont ainsi passés de une à deux récoltes annuelles, voire trois pour certaines variétés !

  • Un plan d’action en cours : le gouvernement vietnamien a récemment annoncé la création d’une « zone économique prioritaire » destinée à améliorer les infrastructures de la région et à accroître son rôle dans la chaîne économique agro-alimentaire. L’objectif de ce plan est de doter la région des savoir-faire et des équipements lui permettant d’être moins dépendante d’Ho Chi Minh City, en accroissant la production d’engrais locale et en développant ses capacités de transformation et d’exportation

  • Une volonté d’attirer des capitaux étrangers : en plus de son propre programme d’investissement, l’Etat et la région cherchent également à attirer capitaux et savoir-faire étrangers, au moyen notamment d’exemptions de loyer et d’incitations fiscales

Bref, le paysage du delta pourrait rapidement changer, et perdre un peu de son coté pittoresque et bucolique… Si la région vous intéresse, dépêchez-vous d’aller la visiter !

Une journée pas comme les autres sur le Mekong

Posted in Voyage - Vietnam with tags , , , , , , , , , , , , , on 30 avril 2009 by Placet

A peine arrivés dans le delta du Mekong après un trajet court mais épuisant, nous avons été rapidement récompensés par la découverte fascinante de la rivière et de son environnement. Après avoir négocié -longtemps mais dans la bonne humeur- un tour en barque la veille au soir, nous nous sommes levés tôt hier matin pour visiter les marchés flottants, les canaux et les vergers des environs de Can Tho, une des principales villes de la province. Qu’y-a-t-il donc de si sympa ?

  • Le Mekong : long de plus de 4 000km, le Mekong prend sa source dans la province chinoise du Yunnan, avant de traverser la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, dernière étape avant de se jeter dans la mer de Chine. Si la Chine et le Laos s’efforcent d’exploiter son potentiel de production hydroélectrique, le fleuve a gardé un visage beaucoup plus « commercial » au Vietnam (nous reviendrons plus en détail sur l’économie locale dans un autre article). En plus de l’irrigation des plaines rizicoles environnantes, le fleuve est exploité pour le transport de marchandises et le commerce avec les marchés flottants. Dès le début de notre promenade, nous avons été impressionnés par son animation.

  • Sur les rives, chaque pouce de terrain est méthodiquement occupé, et on observe en succession un étonnant mélange d’habitations, entrepôts et quais d’embarquement, carrières de sable, restaurants, ponts en construction,stations essence (pour bateaux !) et usines de fabrication de glace. Tout est par contre à petite échelle -pas d’usines ou d’entrepôts gigantesques-, ce qui renforce le coté « artisanal » et familial de l’ensemble. Le contraste est frappant avec l’environnement luxuriant mais déserté que nous avions observé au Laos, du coté de Luang Prabang.

  • Sur le fleuve même (ou plutôt la rivière Can Tho, un de ses nombreux affluents), l’activité est incessante, entre habitations flottantes assez rudimentaires, innombrables sampans qui acheminent marchandes et marchandises d’un marché à l’autre (il y en à trois aux environs de Can Tho), barques de pêcheurs, barges acheminant sable, foin et produits maraîchers… et les inévitables embarcations chargées de touristes, heureusement peu nombreuses

  • Les marchés flottants : en gros, imaginez un énorme marché où on trouve de tout, remplacez les stands par des bateaux et les bistros alentours par des bars et restaurants flottants, et vous y êtes presque. Il ne reste plus qu’à ajouter de petits mâts en bois servant d’enseignes, où chaque marchand suspend un échantillon des marchandises qu’il vend, ainsi que quelques stations-service flottantes, puis à grimper sur le toit d’un des bateaux pour contempler le tout, et le tour est joué ! C’est un vrai régal à la fois pour les yeux -entre sampans colorés et chapeaux coniques si graphiques et photogéniques- comme pour les papilles, lorsqu’on s’arrête pour goûter une mangue fondante ou un ananas sucré. Si nous en avons retenu l’aspect animé et poétique, ces marchés -qui mélangent selon les cas vente en gros et détail- ont pour les riverains une importance économique fondamentale, puisqu’ils sont le conduit principal d’acheminement des fruits et légumes produits dans la région et servent de « supermarché » à de nombreux locaux

  • Les canaux et vergers : après la joyeuse animation des marchés flottants, nous avons parcouru quelques-uns des canaux qui sillonnent les vergers, omniprésents dans la région de Can Tho. Les canaux sont très paisibles, ils offrent un aperçu intéressant de la vie des locaux et surtout permettent des arrêts réguliers dans les vergers et rizières, où on peut peut observer et se faire expliquer la culture du riz, ou simplement goûter un échantillon gigantesque de fruits et légumes : noix de coco, mangues, ananas, jackfruits, durians (ça, c’est la mauvaise surprise du lot… !) et pleins d’autres variétés encore. Tout semble pousser ici, et les fruits et le riz ainsi récoltés sont au choix consommés sur place, acheminés vers les marchés flottants les plus proches, ou encore transformés dans une des fabriques artisanales de bonbons à la noix de coco, voire de, nouilles, de papier ou d’alcool de riz…

Bref, un univers à part, et une journée particulière que nous avons décidé de pimenter encore un peu en lui donnant une thématique reptilienne : après avoir manipulé un (très inoffensif) serpent d’eau lors de notre promenade sur la rivière (rien d’impressionnant mais pour nous, c’est déjà pas mal !), nous avons testé en digestif l’alcool de serpent local. Les bocaux remplis de cobras bien imbibés étaient plus impressionnants que le tord boyaux qu’ils contenaient, finalement assez doux et apparemment inoffensif (enfin, après vingt-quatre heures, nous sommes toujours en vie…).

Quelques PHOTOS des marchés et de ce sympathique breuvage ci-dessous (peu de photos, on a atteint notre limite de téléchargement pour le mois !) :

http://www.flickr.com/photos/36264623@N08/sets/72157617321838673/

http://www.flickr.com/photos/10301605@N04/sets/72157617413571356/

Au fil du Mékong, ou quel avenir pour le Laos ?

Posted in Voyage - Laos & Cambodge with tags , , , , , , , on 16 avril 2009 by Placet

Les trois pays que nous sommes en train d’explorer (Laos, Cambodge et Vietnam) sont tous traversés par le Mékong. Ce fleuve de 4 000 km de long, classé 12ème plus long fleuve au monde, tient ou a tenu une place importante dans leur vie économique ou leur organisation géographique. Il sera pour nous un lien essentiel dans notre voyage et un axe de communication que nous emprunterons partiellement à chaque étape.

La première en date fut au Nord du Laos à Luang Prabang, lors d’une excursion touristique. Au Laos, le Mékong a perdu son rôle d’affrètement, depuis que le pays a amélioré ses voies de communication terrestres. Il nous a pourtant semblé que les déplacements par la route étaient extrêmement lents et dangereux à cause du relief très montagneux, notamment dans la moitié Nord du pays. Les routes ont la caractéristique d’être à flanc de montagne, et d’offrir systématiquement à la vue un précipice vertigineux, qui pourrait très bien se transformer en pente savonneuse pendant la saison des pluies. Le panorama est saisissant à condition de ne pas souffrir du vertige !

En ce qui concerne le Mékong, même s’il a perdu la large majorité de son trafic, il reste néanmoins un excellent moyen d’observer la vie locale sous un angle assez différent, dans ce pays qui reste essentiellement rural (plus de 75% de la population vit à la campagne).

Lors de notre voyage en bateau, le vert a été la couleur dominante, la gamme s’étalant du vert très sombre de l’eau à celui très éclatant de la végétation. De temps à autre, les pirogues des pêcheurs solitaires attrapent le regard, et soudain vous êtes surpris de voir qu’ils portent des T-shirts sur lesquels des marques célèbres ou des mots en anglais interpellent le chaland. Conservatisme étrangement mêlé au consumérisme capitaliste et à la contrefaçon : un paradoxe inattendu dans ce lieu où le temps semble s’être arrêté il y a quelques décennies déjà !

Puis, vous apercevez des cabanes en bambou assemblées par grappe à flanc de colline, surplombant la rive. Chacune utilise comme jardin potager un bout de terrain, sableux et instable, bordant le fleuve. De temps à autre, une femme bêche, un homme revient de la pêche, des enfants qui font l’école buissonnière jouent sur la rive.

Des paysages superbes qui contiennent tout de même une dose de mélancolie très perceptible, notamment dans le regard des conducteurs de bateau navette. Malgré la décroissance rapide du trafic fluvial (essentiellement les occasionnels touristes à présent), ces hommes semblent figés dans un avenir incertain, sans volonté apparente de quitter ce métier, qui se transmet de génération en génération, pour s’assurer un avenir plus florissant ailleurs. Le fleuve les a-t-il conquis à jamais, ou est-ce le poids de soixante ans de communisme qui a anéanti en eux toute prise d’initiative ?

C’est un sentiment malheureusement qui nous a saisi trop fréquemment durant notre exploration du Laos. De nombreux visages marqués par l’empreinte de la fatalité, des regards tristes et résignés, trahissant l’absence d’envie de lutter, de faire changer un destin trop dur à assumer. Drame humain dont la population aura du mal à se relever. Où donc est passée la joie de vivre laotienne, dont nous avions tant entendu parler avant notre voyage ? Nous ne l’avons perçue que trop rarement, est-elle à jamais enterrée sous le poids très lourd de la colonisation, d’une guerre sanglante et d’un régime totalitaire… Quel peut être l’avenir du Laos ?

Quelques PHOTOS : 

http://www.flickr.com/photos/36264623@N08/sets/72157616768272629/