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Au fil du Mékong, ou quel avenir pour le Laos ?

Posted in Voyage - Laos & Cambodge with tags , , , , , , , on 16 avril 2009 by Placet

Les trois pays que nous sommes en train d’explorer (Laos, Cambodge et Vietnam) sont tous traversés par le Mékong. Ce fleuve de 4 000 km de long, classé 12ème plus long fleuve au monde, tient ou a tenu une place importante dans leur vie économique ou leur organisation géographique. Il sera pour nous un lien essentiel dans notre voyage et un axe de communication que nous emprunterons partiellement à chaque étape.

La première en date fut au Nord du Laos à Luang Prabang, lors d’une excursion touristique. Au Laos, le Mékong a perdu son rôle d’affrètement, depuis que le pays a amélioré ses voies de communication terrestres. Il nous a pourtant semblé que les déplacements par la route étaient extrêmement lents et dangereux à cause du relief très montagneux, notamment dans la moitié Nord du pays. Les routes ont la caractéristique d’être à flanc de montagne, et d’offrir systématiquement à la vue un précipice vertigineux, qui pourrait très bien se transformer en pente savonneuse pendant la saison des pluies. Le panorama est saisissant à condition de ne pas souffrir du vertige !

En ce qui concerne le Mékong, même s’il a perdu la large majorité de son trafic, il reste néanmoins un excellent moyen d’observer la vie locale sous un angle assez différent, dans ce pays qui reste essentiellement rural (plus de 75% de la population vit à la campagne).

Lors de notre voyage en bateau, le vert a été la couleur dominante, la gamme s’étalant du vert très sombre de l’eau à celui très éclatant de la végétation. De temps à autre, les pirogues des pêcheurs solitaires attrapent le regard, et soudain vous êtes surpris de voir qu’ils portent des T-shirts sur lesquels des marques célèbres ou des mots en anglais interpellent le chaland. Conservatisme étrangement mêlé au consumérisme capitaliste et à la contrefaçon : un paradoxe inattendu dans ce lieu où le temps semble s’être arrêté il y a quelques décennies déjà !

Puis, vous apercevez des cabanes en bambou assemblées par grappe à flanc de colline, surplombant la rive. Chacune utilise comme jardin potager un bout de terrain, sableux et instable, bordant le fleuve. De temps à autre, une femme bêche, un homme revient de la pêche, des enfants qui font l’école buissonnière jouent sur la rive.

Des paysages superbes qui contiennent tout de même une dose de mélancolie très perceptible, notamment dans le regard des conducteurs de bateau navette. Malgré la décroissance rapide du trafic fluvial (essentiellement les occasionnels touristes à présent), ces hommes semblent figés dans un avenir incertain, sans volonté apparente de quitter ce métier, qui se transmet de génération en génération, pour s’assurer un avenir plus florissant ailleurs. Le fleuve les a-t-il conquis à jamais, ou est-ce le poids de soixante ans de communisme qui a anéanti en eux toute prise d’initiative ?

C’est un sentiment malheureusement qui nous a saisi trop fréquemment durant notre exploration du Laos. De nombreux visages marqués par l’empreinte de la fatalité, des regards tristes et résignés, trahissant l’absence d’envie de lutter, de faire changer un destin trop dur à assumer. Drame humain dont la population aura du mal à se relever. Où donc est passée la joie de vivre laotienne, dont nous avions tant entendu parler avant notre voyage ? Nous ne l’avons perçue que trop rarement, est-elle à jamais enterrée sous le poids très lourd de la colonisation, d’une guerre sanglante et d’un régime totalitaire… Quel peut être l’avenir du Laos ?

Quelques PHOTOS : 

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