Retour au sujet après ce bref intermède : Bariloche, paisible station de sports (essentiellement) d’hiver située à 1 700 km au sud de Buenos Aires et au pied des Andes, est surnommée « la Suisse argentine » par les Argentins. Fondée en 1902 à l’initiative d’un Chilien d’origine suisse, « San Carlos de Bariloche » de son nom complet s’est réellement développée à partir des années 1930 avec l’arrivée du chemin de fer et le début d’un programme architectural ambitieux visant à donner à la ville un style alpin avec des bâtiments en pierre et en bois.
Aujourd’hui, la ville vit essentiellement du tourisme, principalement des sports d’hiver (Cerro Catedral est une des principales stations de ski d’Argentine) mais aussi de la pêche à la truite et au saumon et de la randonnée autour des sept principaux lacs de la région. Pour une raison inconnue, c’est également l’endroit choisi par les étudiants argentins pour célébrer leurs examens ; ce qui met régulièrement un peu d’ambiance dans les boîtes de nuit de la ville (apparemment, ils se lèvent trop tard pour aller skier)… Difficile d’imaginer des hordes d’étudiants avinés déferler dans ce gros bonbon paisible qui dissout incongrûment l’originalité argentine dans une netteté et un conservatisme tout helvétiques, mais bon…
Et notre séjour ? Pour la première fois en huit mois, nous n’avons vraiment pas été gâtés par le temps et il a plus tous les jours sauf un ! La bonne nouvelle est que quand il fait beau, les paysages, que nous avons pu observer du haut d’un des cerros (collines) environnants, sont réellement majestueux. Lacs d’un bleu turquoise somptueux contrastant avec le vert des forêts environnantes, air pur et chemins très préservés du parc national Nahuel Huapi : promenade superbe. Quand il fait moins beau par contre, ressortent les côtés les plus artificiels des stations de sports d’hiver : locaux invisibles dans le centre-ville, commerces et attractions entièrement dédiés aux touristes et ambiance étrange de restaurants à fondue et de magasins de vêtements de montagne.
Pas grave, on a pris les choses du bon côté et on s’est amusés à vivre au rythme de la ville en empruntant ses bus fous et surchargés, en testant les offres des chocolatiers (l’autre spécialité de la ville avec le ski et la truite) et en allant prendre un café à l’hôtel Llao Llao (prononcez chao chao), hôtel de luxe pompeux commis dans les années 1930 par l’architecte Alejandro Bustillo, qui a donné à la ville son architecture de « chalets suisses ». L’emplacement est aussi exceptionnel que l’intérieur est grand-guignolesque, avec des couloirs sombres qui rappellent le film Shining, agrémentés de bois de cerf sans doute destinés à impressionner les touristes américains 🙂
Voilà, on a finalement beaucoup marché sous la pluie pour éliminer les 5 000 calories quotidiennes du petit déjeuner, version culinaire de la fusion argentino-germanique (apfelstrudel, alfajeros et croque-monsieur dans le même repas, ça laisse des traces !), et échapper aux vicieux conducteurs de bus locaux. Et si l’aspect faussement alpin de la ville peut paraître légèrement frelaté, les environs semblent vraiment exceptionnels lorsque le temps est correct – à voir donc si vous êtes dans les environs !
Suite de ce carnet de route dans quelques jours avec El Calafate et le glacier Perito Moreno…
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